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Sujets :

Matière médicale

Méthode homéopathique

a. Pathologie aiguë

b. Pathologie chronique

Thérapeutique homéopathique

a. Pathologie aiguë

b. Pathologie chronique




Homopathie   Matière médicale

CHINA RUBRA
Cinchona pubescens Vahl
(=Cinchona succirubra Pav.
Quinquina rouge
Rubiacées (TM)

Origine et description

China rubra, appelé dans les anciennes matières médicales Cinchona succirubra est un arbre du sud-est américain de la famille des Rubiacées ou quinquina rouge.

La teinture mère est préparée à partir de l'écorce séchée de Cinchona pubescens Vahl (= Cinchona succirubra Pav.)

Importé du Pérou au XVIIe siècle, le Quinquina fut rapidement célèbre par ses succès dans le traitement des fièvres intermittentes. Un mémoire, rédigé en latin par Joseph de Jussieu envoyé en mission officielle en Amérique en 1735 pour étudier l'histoire naturelle du pays et envoyer ses plantes au jardin du Roi, désigne les Indiens du village de Malacatos au sud de Loxa, comme les premiers qui aient possédé la connaissance des propriétés fébrifuges du quinquina. Les Jésuites de Lima en répandirent l'usage d'où le nom de "Poudre des Jésuites" ou "des Pères".

Selon une anecdote controversée par certains, l'épouse du vice-roi du Pérou, la Comtesse El-Cinchon, atteinte à Lima d'une fièvre intermittente opiniâtre, fut guérie par le quinquina. De retour en Espagne en 1640, le comte et la comtesse El-Cinchon popularisèrent ce remède, d'où le nom de "Poudre de la Comtesse".

En honneur en Angleterre à partir de 1660, le quinquina trouva ensuite de nombreux détracteurs. Il fut réhabilité par Thomas de Sydenham. Principal auteur de la renaissance hippocratique au XVIIe siècle, Sydenham considérait le quinquina comme le seul médicament véritablement spécifique. Samuel Hahnemann connaissait l'œuvre de Sydenham. Il n'a probablement pas choisi par hasard le quinquina pour sa première expérimentation.

En 1679 un empirique anglais, Talbot, guérit Louis XIV d'une fièvre intermittente sévère à l'aide d'un remède secret. Le roi lui acheta son secret, une teinture vineuse très concentrée de quinquina, lui fît une pension viagère et l'éleva à la dignité de chevalier. En 1682, par ordre du roi, le quinquina fut recommandé à toutes les facultés de médecine sous le nom de "Remède anglais pour la guérison des fièvres".

La même année, pour plaire à sa protectrice, la Duchesse de Bouillon, née Mancini, l'illustre fabuliste Jean de La Fontaine publia un poème, d'ailleurs insipide, à la gloire du quinquina, en deux chants et six cents vers! L'Europe suivit le ton donné par la France. Le quinquina devint une panacée et connut une vogue inouïe, jusqu'à la découverte de la quinine en 1820 par Pelletier et Caventou.

Action générale

Ce médicament est à l'origine de la démonstration par Samuel Hahnemann du bien-fondé de la relation thérapeutique de similitude déjà énoncée en son temps par Hippocrate et qui devait devenir la base de l'homéopathie. China fut en effet le premier médicament expérimenté par Hahnemann en 1790 et il reste d'usage très courant.

China tire l'essentiel de son pouvoir pharmacodynamique de plusieurs alcaloïdes dont les principaux sont la quinine, la quinidine et la quinicine. On note également la présence de ß-sitostérol, d'acide quinique et de traces d'huile essentielle.

LA TOXICOLOGIE AIGUE OU SUBAIGUE

met en évidence :

  • une phase de gastro-entérite aiguë comportant des nausées, des vomissements profus et de la diarrhée ; puis
  • l'apparition rapide de troubles neurosensoriels :
    • atteinte de la 8e paire dans l'heure suivant l'ingestion :
    • bourdonnements d'oreilles,
    • vertiges,
    • hyper puis hypoacousie ;
    • des troubles visuels dès la 4e ou 5e heure :
    • photophobie, diplopie, flou visuel,
    • perturbations de la vision des couleurs,
    • scotomes, mydriase, rétrécissement du champ visuel,
    • parfois cécité.

    Il semble que l'essentiel de ces troubles soient dus à l'intoxication par la quinine.

  • des troubles cardio-vasculaires dont la responsabilité peut être attribuée à la quinidine apparaissent de une à trois heures après l'ingestion :
    • tachycardie avec hypotension modérée,
    • élargissement du complexe QRS et allongement de PR à l'E.C.G. pouvant accompagner un rythme nodal et aboutir à l'exitus.
  • l'effondrement concomitant du tonus musculaire serait plutôt le fait de l'action spasmolytique de la quinicine.

L'INTOXICATION CHRONIQUE :

révèle outre les troubles précédents, une série d'autres signes plus ou moins importants :

  • vaso-dilatation cutanée, anémie (hémolyse chez le paludéen), purpura thrombolytique et surtout
  • l'atteinte de la sphère neurologique :
    • céphalées, états d'agitation et de délire, convulsions,
    • hyperthermie et sueurs par dérèglement des centres supérieurs de la thermorégulation,
    • troubles respiratoires par sidération des centres bulbaires, l'apnée comme l'insuffisance circulatoire pouvant conduire au coma et à la mort.

LES EXPERIMENTATIONS PATHOGENETIQUE ET CLINIQUE

confirment l'électivité de l'action du médicament sur quatre cibles principales :

  • l'appareil digestif :
    • ballonnement de tout l'abdomen qui est distendu avec borborygmes ;
    • diarrhée peu ou pas douloureuse mais épuisante ;
  • les organes neuro-sensoriels :
    • hyperesthésie sensorielle au bruit, à la lumière, aux odeurs, au toucher pendant une première phase très courte d'excitation puis
    • acouphènes et troubles visuels pendant une seconde phase de sidération ;
  • l'appareil cardio-vasculaire :
    • troubles du rythme,
    • anémie,
    • troubles de la coagulation (hémorragies) ;
  • le système nerveux central :
    • dérèglement de la thermo-régulation : fièvre périodique intermittente, hypersensibilité au froid ;
    • adynamie et hypotonie musculaire.

Modalités et sensations

A - SENSATIONS :

  • hypersensibilité au toucher de toute la surface du corps (hyperesthésie particulière du cuir chevelu) ;
  • maux de tête caractérisés par des battements violents dans la tête et dans les carotides ;
  • acouphènes divers ;
  • hypoacousie, "comme si les sons venaient de très loin".

B - MODALITES :

AGGRAVATION :

  • par les courants d'air ;
  • par le toucher superficiel, l'effleurement ;
  • par l'absorption de fruits (coliques) ;
  • par le lait (intolérance).

AMELIORATION :

  • par la chaleur ;
  • en se courbant en deux (coliques) ;
  • par la pression forte.

PERIODICITE :

  • un jour sur deux ou
  • tous les 7 à 15 jours (accès fébriles).

C - SIGNES CONCOMITANTS :

  • Absence de soif et nausées pendant la fièvre.
  • Frissons (tremblements et claquements de dents) suivis d'une sensation de chaleur intense (congestion de la face, soif).
  • Sueurs (avec soif intense), débilitantes.
  • Amertume buccale.
  • Asthénie avec apathie ou irritabilité.

Correspondances étiologiques

  • Suites de fièvres prolongées et débilitantes.
  • Suites de déperditions abondantes ou répétées d'un liquide organique
    • physiologiques (sueurs, sperme, lait) ou
    • pathologiques (hémorragies répétées, diarrhée, leucorrhées, suppurations prolongées).

Principales indications cliniques et posologie

A - INDICATIONS AIGUES

1 - LES HEMORRAGIES

  • Epistaxis, gingivorragies, ménométrorragies, …

Pratiquement toutes les hémorragies de petite ou moyenne abondance : prescrire cinq granules toutes les heures ou toutes les deux heures suivant l'acuité du cas. Phosphorus 9 CH ou Crotalus 7 CH peuvent être associés toutes les six heures en cas d'anomalies de la coagulation.

2 - INDICATIONS DIGESTIVES

  • Les diarrhées indolores mais épuisantes : les selles liquides, de couleur marron foncé, contiennent des aliments indigérés et s'accompagnent de gaz nauséabonds. Elles surviennent la nuit, ou après les repas, surtout après ingestion de fruits ou de lait.

    Prescrire cinq granules en 5 CH après chaque selle.

  • La colite flatulente aiguë : elle est caractérisée par :
    • distension de l'abdomen dans son ensemble avec borborygmes et douleurs abdominales, non améliorée par les éructations ou les gaz intestinaux ;
    • très grande sensibilité de l'abdomen au toucher ;
    • aggravation après les repas et l'absorption de lait, de fruits, de thé, d'acidités, de vin ou d'alcool.

    Prescrire cinq granules en 5 ou 7 CH toutes les trois heures environ.

3 - LES SYNDROMES FEBRILES ADYNAMIQUES

  • Grippaux ou pseudo-grippaux.
  • Les fièvres intermittentes : paludisme, angiocholites, caractérisées par des accès se déroulant en trois phases :
    • stade de frissons et de froid où le malade se couvre,
    • stade de chaleur intense où il se découvre,
    • stade de sueurs avec soif et faiblesse où il s'assoupit.

L'existence d'une hépatomégalie, d'une splénomégalie ou d'une anémie est tout à fait contingente en dehors du paludisme.

Prescrire cinq granules en 5 ou 9 CH toutes les quatre à six heures, suivant l'intensité des signes généraux.

B - INDICATIONS CHRONIQUES

1 - GENERALES

  • Hémorragies répétées voire occultes avec syndrome général de :
    • faiblesse, pâleur,
    • vertiges, bourdonnements d'oreilles.

    Prescrire cinq granules en 5 à 9 CH, une à deux fois par jour, en sus des traitements classiques nécessités par l'étiologie.

  • Anémie généralement hypochrome et hyposidérémique (suite d'hémorragies occultes continues ou d'hémorragie unique abondante).

    Prescrire comme dans le cas précédent. En cas d'hémorragies très importantes avec signes généraux nets, utiliser la 15 CH.

  • Adynamie des convalescences : cinq granules en 15 CH deux fois par jour.
  • Prévention des interventions chirurgicales : China 5 CH trois fois par jour et Phosphorus 9 CH, une fois par jour, la semaine qui précède l'intervention.

2 - NEURO-SENSORIELLES

  • Insomnie :
    • Surexcitation cérébrale, hyperesthésie cutanée et sensorielle.
    • Transpiration profuse pendant le sommeil, rêves anxieux et confus.

    Prescrire cinq granules en 9 ou 15 CH au coucher.

  • Acouphènes d'origine iatrogène ou par hypotension : cinq granules en 7 ou 9 CH deux fois par jour ( Chininum sulfuricum).
  • Névralgie du trijumeau, périodique, avec hyperesthésie au frôlement. Prescrire en 15 CH, cinq granules toutes les trois heures, lors des paroxysmes.